Navarrenx
Implantée à proximité d’un gué du gave d’Oloron, en zone frontière entre le Béarn et la Soule, la ville de Navarrenx occupe une position stratégique forte en regard de la France et l’Espagne. Elle contrôle un axe de circulation qui devient au XIe siècle la voie majeure du Puy pour les pèlerins de Compostelle.
Le patrimoine navarrais témoigne de cette position et d’une double identité : médiévale et moderne. D’une part elle est dotée de ses équipements les plus importants sous les règnes de Gaston VII Moncade et de sa fille Marguerite de Béarn : l’actuel pont de pierre sur le gave d’Oloron, le marché alors bimensuel, les fortifications, et un château au-jourd’hui disparu la Castérasse. En 1316, Marguerite lui octroie le statut enviable de bas-tide.
C’est au XVIe siècle que le grand bouleversement architectural du village intervient. Le vicomte Henri II d’Albret transforme la bastide en place forte, cent ans avant Vauban, afin d’assurer l’indépendance du Béarn. En 10 ans, Navarrenx est dotée de remparts et de bastions ultra-modernes, longs de 1,7 km et hauts de 10 mètres, afin de résister aux as-sauts des canons. Leur histoire est étroitement liée à celles des fameux mousquetaires qui en sont devenus les gouverneurs. L’ensemble magnifiquement préservé, avec ses souterrains, fait encore l’émerveillement des visiteurs !
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Navarrenx se voit concéder le statut de bastide en 1316 par la vicomtesse Marguerite. Il suffit de se promener pour comprendre l’impact de cette décision sur la conception archi-tecturale la cité : la grande place carrée où trônait la halle, les rues se coupant à angle droit, le lotissement régulier de ses maisons contiguës de 6 à 7 m de large... Outre l’aspect purement urbain, le statut de bastide a encadré le développement agricole mais surtout stimulé l’essor marchand de Navarrenx et des environs.
Au XVIe siècle Navarrenx de ville marchande devient citadelle militaire. Henri II d’Albret, vicomte souverain, conscient de la position stratégique de Navarrenx choisit l’architecte Fabrizio Siciliano, en 1538 pour reprendre les fortifications de la cité. Aux hautes tours médiévales, vulnérables à l’artillerie « moderne », Siciliano substitue « boulevards » et bastions. Navarrenx, est alors dotée d’un dispositif de remparts dits « élastiques » avec son système d’angles saillants protégés par des bastions et demi-bastion à simple face ou à orillons. A cette époque, ils représentent un exemple d’architecture militaire à peu près unique en France. En 1569 Le capitaine Terride, à la tête de troupes du roi de France désireux d’annexer le Béarn, éprouve la qualité défensive de la citadelle.
Navarrenx conserve jusqu’au XIXe siècle sa vocation militaire avec l’aménagement de casernes, d’un arsenal… avant son déclassement en 1868. La conservation et la réhabili-tation des remparts témoignent du souci la population vis-à-vis de ce patrimoine excep-tionnel. Dans ce même esprit, il faut noter les aménagements récents réalisés au camp Gurs. Ce camp d’internement (le plus grand du sud de la France) a été construit en 1939, en 42 jours et sur 79 hectares. Il « accueille » successivement les combattants de l’armée républicaine espagnole vaincus par le franquisme, les indésirables du régime de Vichy puis les juifs destinés à la déportation. En 1945, le camp, définitivement fermé, est destiné à l’oubli. Mais dans les années 2000 un programme de valorisation de sauvegarde mémorielle est lancée.